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Hélèna Villovitch
auteur, vidéaste et plasticienne
Auditorium, 10h00.
Mardi 26 novembre 2013.
Hélèna Villovitch est née en 1963. Après des études à l’école d’arts appliqués Boulle, elle intègre un groupe d’artistes expérimentaux Molokino. Plasticienne, vidéaste, écrivain, elle est l’auteur de quatre livres aux éditions de L’Olivier (Je pense à toi tous les jours, 1998 ; Pat, Dave et moi, 2000 ; Petites soupes froides, 2003 ; Dans la vraie vie, 2005) et a également publié plusieurs fictions à l’École des loisirs, dont Ferdinand et ses micropouvoirs (2011), ainsi qu’un essai Le bonheur par le shopping (Maren Sell Éditeurs, 2010). Elle est journaliste depuis 9 ans au magazine Elle, où elle collabore, entre autres, à la rubrique Livres et Cinéma.
Présentation par l’auteur :
Je suis née en 1963 à Bourges et suis venue à Paris pour étudier à l'école Boulle. Lorsque j'en suis sortie, je ne savais pas ce que je voulais faire, sinon « artiste ». C'était un peu vague comme idée, et puis ça ne rapportait pas beaucoup d'argent. À ce moment-là, Christo et Jeanne-Claude emballaient le Pont-Neuf et recrutaient de jeunes étudiants des écoles d'art pour les aider. Ce travail a donné un sens à ma vie : j'ai emménagé quelque temps plus tard dans un petit appartement avec vue sur le pont, puis j'ai filmé ce pont et rencontré un jeune Allemand, Jan, qui l'avait également filmé' et qui est devenu mon amoureux un an plus tard. J'aime mettre en scène notre couple d'artistes. Jan Peters est cinéaste. Ses films, comme les miens, sont autobiographiques et appartiennent au territoire dit du cinéma expérimental.
Quand j'ai commencé à écrire, je n'avais pas l'impression d'écrire un livre. J'écrivais des textes qui étaient plutôt destinés à être lus en public, à haute voix (librairie du palais de Tokyo, Centre international de poésie de Marseille, Ménagerie de verre), et qui, souvent, accompagnaient mes films (au sein du collectif le Molokino de 1991 à 2000). On me félicitait, on me disait que c'était intéressant, alors j'ai continué à écrire comme ça et puis quand j'ai eu un certain nombre de pages, j'ai tout envoyé à différents éditeurs.
J'ai toujours eu tendance à jeter des morceaux de moi-même à gauche et à droite, mais j'essaye à présent de me recentrer sur une chose, l'écriture, qui est le point commun à toutes mes activités : participation à des micro-éditions, réalisation de performances-lectures illustrées par des projections de diapositives.
Mon but n'est pas d'écrire un chef-d’œuvre, mais de construire une œuvre cohérente qui reflète mon parcours. Chacun de mes livres est la pièce d'un puzzle dont je ne connais pas encore le dessin définitif.
Une artiste qui m'intéresse particulièrement, c'est Yoko Ono. J'aime beaucoup ses films qu'elle écrit en trois lignes mais avec lesquels elle poursuit une expérience « jusqu'au-boutiste ». C'est un peu comme ça que je définirais moi aussi mon travail. Ce sont des expériences, des dispositifs. C'est un laboratoire. Mes petites nouvelles sont comme des tubes à essai, des petits précipités.
Un pied dans l'art, un œil sur le cinéma et les deux mains dans mes « boulots » littéraires, j'ai à peine commencé ma révolution.
Bibliographie :
♦ Je pense à toi tous les jours, nouvelles, Éditions de l'Olivier, 1998 ; Petite Bibliothèque de l'Olivier, 2003
♦Pat, Dave & moi, roman, Éditions de l'Olivier, 2000 ♦Petites soupes froides, nouvelles, Éditions de l'Olivier, 2003

♦Dans la vraie vie, nouvelles, Éditions de l'Olivier, 2005 Publications à l’Ecole des Loisirs (littérature jeunesse) : ♦ MonaLisaetmoi,Âge:9à12ans,2007
(Ce livre a reçu le prix Goya Découverte 2007 décerné par les élèves de cours moyen des écoles élémentaires de Castres et le prix "Mange-Livres" de Carpentras (CM1-CM2). Première édition France: 2007)
Hier, Thomas de Champilly-sur-Gardon était le plus heureux des garçons de dix ans. Il allait prendre le train pour la première fois, direction Paris et ses Champs-Élysées et surtout sa Mona Lisa. Aujourd'hui, il commence à douter de la réalité du bonheur. Dans le wagon, il a dû échapper à des pickpockets de sandwichs et au « petit garçon » d'une vieille dame adorable mais pas très observatrice. Puis tante Hélène est arrivée, en retard sur ses hauts talons, avec ses cheveux colorés et ses idées fantasques. Thomas sait qu'à Paris les gens sont un peu différents, bizarres, à l'ouest. Mais là, il se demande comment il va survivre à cette vie de dingues. Ici, on mange des trucs inimaginables, on se lave dans des baignoires lilliputiennes et on croise, le plus naturellement du monde, des escargots géants. Très vite, Thomas de Paris est à bout de souffle. Justement, il rencontre une fille, Dorian, qui aime les jeux de garçon et les garçons. Thèmes : Conditions de vie dans les villes - Paris - Relation enfant adulte - Vacances en famille
♦ Alafraise,Âge:9à12ans,2009
Lorsque David s’est réveillé ce matin-là, il a décrété qu’il ne s’appelait plus David mais Georges. À la pâtisserie, il a commandé sans réfléchir une glace à la fraise, alors qu’il a toujours préféré le parfum chocolat. Et puis, au fil de la journée, tout le monde s’y est mis. Son père a décidé de se faire appeler Hugh Grant. Sa mère a rempli le réfrigérateur de graines germées et croit dur comme fer qu’elle s’est toujours prénommée Madonna. À l’école, les élèves sont tous arrivés déguisés, et tout le monde a eu l’air de trouver cela normal. Sauf, évidemment, Georges, pardon David. Maintenant celui-ci aimerait bien remettre un peu d’ordre. Thèmes : Fantastique / Surnaturel - Instituteur / Ecole - Imagination / Fabulation
♦ Ferdinand et ses micropouvoirs, Âge : 9 à 12 ans, 2011
Mlle Mouette est vraiment chouette : dans sa classe, les huit élèves font un peu ce qu’ils veulent et progressent à leur rythme. Ferdinand n’en revient pas de s’y sentir aussi bien, lui qui jusqu’alors a fréquenté l’école en pointillé, obligé de déménager au gré des petits boulots de son grand-père. Et lorsque la minuscule main de Gaufrette se glisse dans la sienne, Ferdinand n’a plus qu’une envie : y rester le plus longtemps possible. Mais son nouveau bonheur est fragile. La directrice est loin d’apprécier les méthodes éducatives plutôt originales de Mlle Mouette. Pour éviter la catastrophe, Ferdinand et ses nouveaux amis, Gaufrette, Babouche et un gros monsieur qui sent la bière, vont user de micropouvoirs pas si petits que ça. Des pouvoirs surnaturels qui leur sauveront la mise mais les placeront aussi dans des situations plus qu’embarrassantes... Thèmes : Ecole / Instituteur -
Fantastique / Surnaturel - Grand-père - Solidarité

♦ Nouveaux micropouvoirs de Ferdinand (Les) Âge : 9 à 12 ans, 2012
Où Ferdinand pourrait-il trouver un lit pour la nuit ? Pourquoi pas chez Babouche, son copain bourré de tics sonores ? Un peu trop bruyant ! Alors chez Stéphanie, la fiancée de son grand- père ? Le problème, c’est qu’elle est en froid avec le fringant papy. Et chez Gaufrette ? Son amie muette lui fait un peu la tête, jalouse de Zibeline, la fille époustouflante qui fait battre le coeur de Ferdinand. À moins qu’il ne finisse par dormir dans la rue, livré à lui-même. Ferdinand aura bien besoin de ses micropouvoirs pour trouver un refuge et déjouer les plans d’inquiétants pyromanes. Thèmes : Amitié - Fantastique / Surnaturel - Grand-père
Essai
♦ Le bonheur par le shopping - Maren Sell Éditeurs, 2010
Non, il ne s'agit pas d'un nième exemple de "chick litt" ! Le livre est beaucoup plus drôle et
intelligent que son titre ne le laisse présumer !
4ème de couverture :"Hélèna Villovitch a parcouru des kms dans les allées et les escaliers du grand magasin. Jour après jour et même parfois la nuit, elle en a observé, suivi et espionné les usagers pour s'approprier les secrets du bonheur et de la consommation. Du rayon bricolage à celui des jouets pour animaux en passant par l'alimentation et les vêtements, elle a tendu l'oreille et ouvert grand les yeux. rien ne devait lui échapper. Pas une attitude, pas un dialogue, pas une prise de bec. Clients et clientes, vendeurs et vendeuses, flâneurs et flâneuses s'en donnent à coeur joie dans ces pages où le lecteur reprérera sans doute un ou deux tics de notre société.
L'auteur a pris sa mission tellement au sérieux qu'elle s'est mise, elle aussi, à acheter toutes sortes d'objets dont elle n'avait pas besoin ; c'est ce qu'on appelle les risques du métier. Quelques histoires vriaies, plusieurs récits parfaitement inventés, de beaux rêves et d'effroyables cauchemars, on trouve tout dans le grand magasin... Peut-être même le bonheur.allez, juste un peu de patience et n'hésitez pas à fouiller dans le coin des bonnes affaires. !" Certes, le sujet (le bonheur, c'est de consommer!) n'est pas nouveau, mais il est remarquablement bien servi par l'écriture fine, et parfois poétique, d'Héléna Villovitch. J'aime beaucoup son style simple, sa finesse d'observation et son humour. Par certains côtés, elle me rapelle Valérie Mréjen... en moins grave. Vraiment, elle vaut la peine d'être découverte !
♦L’Immobilier, éditions Verticales, février 2013
Présentation sélective des livres:
♦ Je pense à toi tous les jours, nouvelles, Éditions de l'Olivier, 1998 ; Petite Bibliothèque de l'Olivier, 2003 (coll. Points, juin 2007)

Présentation
Du haut de son donjon de la Défense, elle coince le téléphone entre son épaule et son oreille pour dire des mots doux à l'homme qui passe son après-midi en promenade sur les quais ; et en même temps, du bout de la souris, elle dessine un camembert à l'écran. Quand elle est au volant, elle roule toutes fenêtres ouvertes et fume incessamment, quoi qu'en dise, quoi qu'en pense son premier mari, qui de toute façon, lui, n'a pas le permis. En tout, elle en a eu trois, des maris : un beau, un riche et un intelligent ! Depuis, elle a trouvé le bon, celui qui ne trouve pas trop bizarre qu'au lieu de se rendre au bureau à La Plaine Voyageurs, elle préfère passer ses journées à photographier ses doigts de pied... Elle est artiste, touche-à-tout, anticonformiste et ceux qui l'entourent sont comme elle, libres de rire des entraves et de réinventer la poésie à chaque coin de rue.
Presse
Magazine Lire
Il ne lui arrive rien d'extraordinaire à Hélèna Villovitch. Juste des soucis de boulot, des disputes avec les copains, des projets avortés. Tout est dans le regard que l'on porte sur les choses. Désopilant en l'occurrence.
Les Inkoruptibles : « Un livre déstabilisant au sens où il ne nous donne aucun moyen de trancher : faudrait-il accabler la minceur de son ambition ou au contraire acclamer son ambition de minceur ? Cette indécision ontologique très "art contemporain" au demeurant est son grand mérite ».
♦Pat, Dave & moi, roman, Éditions de l'Olivier, 2000
Présentation de l’ouvrage :
« Nous filons vers la ville universitaire la plus proche, dans la belle voiture rouge d'Oliver. J'aurais préféré qu'elle soit noire.Oliver est adorable, mais il a des goûts un peu nuls. Par exemple, il aime bien Téléphone. Heureusement, il a compris qu'il ne fallait pas le dire devant nous. Bien sûr, je peux comprendre ça : moi-même, il m'arrive parfois d'écouter avec plaisir certaines chansons d'Indochine. Mais je ne le dis jamais. J'adore rouler très vite. Ce qui serait parfait, c'est d'avoir un accident, là, maintenant, et de mourir, alors qu'on n'est pas encore vieux. » C'est l'histoire d'une fille qui rate le concours d'entrée des Arts déco, et qui va avoir vingt ans. Entre-temps, elle rencontre Pat (il ressemble à Robert Smith) et Dave (un garçon qui se fait passer pour une fille). Dans la Petite Ville où ils habitent, non loin de Paris, les distractions sont rares. Pour échapper à l'ennui, le trio doit faire preuve d'invention, quitte à tomber dans les pires excentricités.Ce roman est l'histoire d'une amitié. Mais aussi le portrait

d'une jeunesse, dans les années 80, coincée entre les seventies radicales et un avenir encore inimaginable.
♦ Petites soupes froides, nouvelles, Éditions de l'Olivier, 2003
Présentation de l’ouvrage :
Aujourd’hui, tout le monde – ou presque – mène le même genre de vie : ordinaire, banale, répétitive.
Aujourd’hui, tout le monde – ou presque – rêve d’être écrivain, artiste, star.
Et c’est possible !
Il suffit, pour cela, de se comporter comme la doublure de l’artiste (de l’écrivain, de la star) que l’on n’est pas.
Et surtout, de convoquer les médias...
En treize histoires féroces, Hélèna Villovitch décrit le jeu de miroirs dans lequel la vie et l’art contemporain ne cessent d’échanger leurs rôles, et montre comment le spectacle s’infiltre au cœur de chacune de nos existences.
♦ Dans la vraie vie, nouvelles, Éditions de l'Olivier, 2005
Karl, Mel, Franz, Daniel, Teresa, Carole et Nicolas ont renoncé à rêver leur vie. Ils travaillent, ou sont obsédés par l’idée de travailler. Seule échappée sur leur horizon encombré d’ordinateurs, la quête de l’amour. Ils vont au bout du monde pour se réconcilier, voguent sur le net pour rencontrer l’âme sœur, se perdent dans un trajet en train, ou prétendent passer des vacances idylliques alors qu’ils souffrent à l’hôpital.
Hélèna Villovitch dessine, avec ce nouveau recueil, le portrait de groupe d’une génération que le monde de l’entreprise a fini par rattraper. Elle s’attarde sur les visages et les fêlures qu’ils trahissent. Elle parle du bonheur pour rappeler à quel point celui-ci est volatil. Avec l’humour très particulier qui lui est propre.
Presse
Presse Web : Buzz Littéraire, jeudi 2 mars 2006 (http://www.buzz-litteraire.com/)
"Dans la vraie vie" : le petit monde précaire d'Héléna Villovitch
Arrivée sur la scène littéraire en 1998, Héléna
Villovitch a rapidement séduit la faune des lecteurs "intellectuels précaires branchés" qu'elle incarne (cette graphiste-plasticienne-cinéaste a
longtemps sauté de job en job) et raconte à merveille. D'autres lui ont au contraire reproché un certain snobisme parisianiste... Mais finalement, ces mésaventures de trentenaires instables trouvent une certaine universalité qui concerne toute la "génération précaire" des années 90 et 2000, adepte du zapping, pour qui "l'amour dure 3 ans" voire 3 mois...
Souvent à la première personne du singulier, elle excelle dans l'art des "petites histoires" comme elle les appelle. Autant de tranches de vie inspirées de ses propres expériences quand elle arpentait en tant que graphiste intermittente les grosses agences de communication entre La Défense et la Plaine-Voyageurs.
Elle croque ainsi à merveille le monde sinistre des rats de bureau et leurs quotidiens, frustrants, rythmés par les pots, "le cabillaud au fenouil au restaurant d'entreprise" et les petites mesquineries entre collègues. Le tout avec une pétillance ironique qui reste toujours bienveillante et ne manque pas de faire sourire ou rire !
- "Je croyais que tu avais arrêté de fumer, s'étonne Térésa.
- J'ai arrêté d'acheter des cigarettes répond Nicolas."
Dans la vraie vie son quatrième recueil paru en 2005 se situe dans la veine de son premier roman "Je pense à toi tous les jours" (en moins "arty-branché"). Elle y met en scène des personnages trentenaires instables en quête d'eux-mêmes, d'une attention, d'une existence, d'un vrai travail, d'une vie sociale, d'un amoureux pour la vie ou la nuit...
A travers les yeux d'une héroïne-double de l'auteur ou cette fois-ci, nouveauté, de héros (homosexuels*), elle décrit par exemple comment un jeune homme héberge les parents baba cools d'un ami et s’aperçoit "qu’une génération qui n’est pas la sienne est en train de conquérir l’immortalité pendant que les plus jeunes s’échinent à chercher leur place dans une société qui ne veut pas d’eux", comment une intérimaire enchaîne les missions, court après ses tickets de cantine, tente de se souvenir de ses collègues "lunettes carrées, brosse grise, doigts noueux" et cohabite un temps avec quelques amoureux croisés ici et là mais une question demeure : "Qu'est ce que tu vas faire ?" ...
Certaines nouvelles se teintent même d'une dimension kafkaïenne ou fantastique comme celle où une jeune femme, en route pour un entretien, se retrouve à errer (éternellement ?) dans une gare, après avoir accumulé les malchances et perdu son sac ou encore mieux dans A bout de souffle, comment un groupe de fumeurs tente de résister à "la chasse aux sorcières" qui leur est faite (avec des passages hilarants sur les bienfaits du tabac : "Au collège j'ai remarqué que c'étaient les élèves les plus intéressants qui fumaient").

Notre coup de coeur : la nouvelle ayant donné son nom au recueil Dans la vraie vie qui traite des rencontres par Internet sous un angle inattendu et finit par devenir une allégorie des rapports féminins ambigüs au bureau et du malaise lié à l'incompréhension hommes-femmes.
Quoi qu'ils fassent les héros "villotchiens" finissent toujours par déraper, non sans une certaine grâce en dépit de la banalité voire du pathétique de leur situation.
Infiniment moderne, Héléna s'échappe des codes traditionnels et montre des relations faites d'entrechocs et non plus de rencontres, dévorées par le monde du travail et reprenant même ses principes (rentabilité, durée, modalités...). «Je possède trois téléphones et je n'ai rien d'important à dire. Deux mille CD et pas le temps de les écouter. Un abonnement à un club de gym et la flemme d'y aller. Un boulot super-intéressant et l'angoisse de passer les trente prochaines années de ma vie coincé entre une moquette gris foncé et un faux plafond en dalles microperforées.»
Ce thème, récurrent chez l'auteur, l'intéresse beaucoup : "Je lis généralement tous les articles ou rubriques à ce sujet dans la presse. J’ai vu par exemple le film de Pierre Carles « Attention, danger travail » qui montre qu’on a le choix, malgré tout, du milieu de travail et du fait même de travailler. J’ai voulu, moi aussi, montrer cela, inciter les gens à réfléchir et peut-être prendre une distance avec cette vie-là." confie t'elle au magazine Oxydo.
Chroniques du désespoir ordinaire
L'écriture de l'auteur peut dérouter au début, voire agacer par son minimalisme. Sujet, verbe, complément ("Je m'endors comme un bébé et fais des rêves amusants"). Pas de fioriture ou d'effet de style chez Héléna. Des faits rien que des faits qui s'enchaînent sans s'attarder. Le ton reste égal, presque monotone, usant même de la répétition là où d'autre se seraient échiner à trouver un synonyme. Et finalement, la petite musique fait son effet et au fur et à mesure se glissent entre les mots, d'apparence anodine, une profondeur et un désespoir insoupçonnés, non sans rappeler les films de Laurence Ferreira Barbosa.
Héléna Villovitch a l'art de noter les petits détails de nos tragédies intimes. Celles qui ne font pas beaucoup de bruit mais qui sont finalement essentielles...
*A ce sujet Héléna dit qu'elle a écrit ce livre alors que le questionnement sur le mariage homosexuel et l’adoption battaient son plein. Elle a ainsi été influencée par cette actualité qui la préoccupait beaucoup. D’autre part, s'imaginer dans la peau d'un homme hétérosexuel lui était difficile alors qu’un homme homosexuel lui semblait plus proche de sa sensibilité.
♦L’Immobilier, éditions Verticales, février 2013

Habiter la ville, habiter sa vie, s’habiter... tout court. Avec ces quatorze nouvelles immobilières, Hélèna Villovitch poursuit la chronique d’une génération précaire, la sienne. La quête d’un logement nourrit chaque mésaventure, cruelle ou burlesque, de ce recueil : entre vagabondage insouciant, co-location à l’étroit, échange d’appartements, troubles du voisinage, endettement à long terme et culbute spéculative. Autant de cloisonnements existentiels qui pèsent sur les personnages, accusent leur solitude, les minent de l’intérieur. Maniant la satire avec bienveillance, Hélèna Villovitch sonde les illusions perdues et les calculs égoïstes de notre époque, sans oublier jamais d’y glisser un grain de folie douce.